Artistes chinois par Michel Nau - Walasse Ting 丁雄泉

 WALASSE TING 丁雄泉

 

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Walasse Ting

 

丁雄泉

   
 

Walasse Ting 丁雄泉  -  portrait  -  chinesenewart

 


Walasse Ting 丁雄泉 - Portrait 1965 - collection Michel Nau   

 

 

Chinois, Walasse Ting 丁雄泉 séjourne en France pendant sept ans, puis aux États-Unis où il prend la nationalité américaine, avant de s’installer à Amsterdam. Il meurt à New York.

 

Chine

1928  Ding Xiongquan naît le 13 Octobre en Chine continentale à Wuxi - ville située dans la province de Jiangsu,
à 125 kms de Shanghai, proche de Suzhou - et passe son enfance à Shanghai.
Suivant la tradition chinoise, ses parents lui attribuent un surnom correspondant aux qualités désirées pour l'enfant Hsiung Chuen :
Fontaine abondante, Source violente; son nom devient Ting Hsiung Chuen et pour compenser cette marque d'amour, ils le qualifient de Hua La Si : gâté.
Dès son plus jeune âge, il peint. Il entre pour une courte période à Shanghai Art Academy mais préfère apprendre seul.

1946  l'envie de voyager le gagne après avoir lu leYi Jing  ou Livre des mutations. Il quitte la Chine pour Hong Kong.
Il expose alors dans une librairie et pour la première fois, il vend des aquarelles à des Américains, collectionneurs d'art contemporain, messieurs Geoffrey Hadley et John Keswick.

 

   
 

France

1950  il s’embarque sur un paquebot pour la France où il arrive sans passeport ni visa et avec seulement cinq dollars américains en poche. Il ne parle pas un mot de français. Ses débuts sont difficiles. Il se retrouve dans une minuscule chambre, passage Raguinot Paris 12ème,  ce qui ne l’empêche pas de peindre des tableaux très grands, sans aucun recul.

Il est confronté à l’art occidental (expressionnisme et Picasso) aussi commence-t-il à peindre à l’huile, tout en restant fort attaché à l’encre.

Admirant Matisse, Ting reprend la dernière syllabe de son surnom Hua La Si et la transforme en sse en hommage au peintre français. D'où Walasse.  

1954  du 29 octobre au 18 novembre Ting expose ses nouvelles recherches picturales au Studio Fachetti avec à ses côtés Benrath, Bellegarde, Bruning, Bryen, Giannettasio, Downing, Graziani, Halpern, Hundertwasser, Ionesco, Koenig, Kosjas, Laubies, Messagier, L. P. Faure, Parisot, Tsingos, Van Haardt. G.W in Prisme des arts n°2.

1955  le Dr Kuo Yu-Shou offre deux peintures de Walasse Ting au musée CERNUSCHI à Paris : Cheval, une encre sur papier 77 x 96,5 cm et Combat aux grands sabres, une encre et rehauts sur papier 91,5 x 177 cm.
Il rencontre fortuitement celui qui restera toujours son ami : Pierre Alechinsky et l’initie à la calligraphie orientale.
En retour, Pierre Alechinsky le met en contact avec le groupe avant-gardiste 
CoBrA et le présente à Piet de Groof qui, enthousiasmé à la vue de ses 
grands symboles orientaux comme des serpents de mer, des dragons, une sorte de maniérisme expérimental occidentalisé  lui propose de faire une exposition à Bruxelles, au Taptoe du 14 avril au 26 avril 1956. Peu à peu tout s’organise :
Alechinsky rédige le catalogue et écrit un texte intitulé Nuit et Jour. Ting exécute une lithographie et prend les clichés. Puis il se rend par le train avec ses tableaux à la galerie Taptoe où il est hébergé.
Peu avant le vernissage, au moment d’envoyer les cartons d’invitation Piet de Groof raconte que Ting voulut absolument inviter l’ambassadeur de Chine et calligraphier lui-même son carton. Il s'exerçait seul depuis dix ans et savait que son niveau d'écriture ancienne ne pouvait pas laisser indifférent le diplomate.

Quand l’ambassadeur va lire mon texte … répétait-il tout fier …
Ce dernier assista  bien au vernissage, le samedi 14 avril à 16h ... et Ting vendit de nombreuses toiles.

La critique met bien en évidence les deux cultures qui émanent de ses œuvres : 
de grands dessins avouant les rapports qui existent entre l’art d’écrire et le lyrisme intérieur.
L L Sosset in Prisme des arts n°3

Les deux amis vont peindre à quatre mains Où êtes-vous?, une huile sur toile de 200 x 99 cm qui fait partie de l'ensemble de peintures que Borge Birch avait eu l'intention de présenter sous le titre à deux pinceaux. Projet auquel
il renonça mais qui fut montré à la galerie de France en 1963 sous le titre de Divertissement
arrangé pour peinture
à quatre mains.

Christian Dotremont résumera ainsi la complémentarité de leur travail en commun :
L'Occidental apporte à ce mélange un art de remplir la toile. L'Oriental apporte un art d'arrêter l'instant.

Walasse Ting comptera deux autres amis - Karel Appel et Ager Jorn - au sein du groupe expérimental Néerlandais
Karel Appel fut comme lui fortement influencé par Pablo Picasso et par Henri Matisse. Ils exposeront en 1965 au Stedelijk Museum d'Amsterdam avec Schierbeek Bert, Christian Dotremont et Lucebert.
Avec Asger Jorn, il collabore  à la publication de La flûte de Jade en 1970 transcrivant en langage anglo-américain et en le calligraphiant en caractères chinois, le texte danois de Jorn d' après Franz Toussaint.

1958  Ting écrit des poèmes qu’il publiera sous le nom de My Shit and My Love. Ils seront présentés à la galerie Smith à Bruxelles en 1961.

 

 

États-Unis

1959  après sept années passées en France, Walasse Ting part aux Etats-Unis. Il émigre à New York.

1962  le peintre se marie avec Nathalie. Son atelier se situe alors à Manhattan 100 West 25th street, à l'angle de la 6ème avenue, entre Times Square et Washington Square. La fenêtre sera très vite éclaboussée de
la peinture projetée en pluie sur les tableaux et les murs porteront également les traces des toiles peintes.

L’année suivante, il rencontre Sam Francis avec lequel il va se lier d’amitié.
Le pop’art et l’expressionnisme abstrait vont influencer sa peinture.
Ses couleurs deviennent plus fortes. in Stampa 3.10 2003.

C’est au cours d’une de ces soirées dans l’ appartement de Sam Francis, qu’entre amis et artistes, ils décident de publier un livre reflétant les grands courants artistiques de l’époque et qui soit le plus international possible
1964  One Cent life  paraîtra avec 68 lithographies d'artistes différents.

1965  à New York, il initie Alechinsky à l’acrylique, dans une chambre de l'hôtel Chelsea. Les deux amis réalisent ensemble plusieurs peintures à 4 mains en exploitant chacun les trouvailles de l'autre.  

1966  naissance de sa fille Mia.

1969  naissance de son fils Jesse.
Les écrits One day et My Dad de ses deux enfants, serviront d'articles au catalogue de son exposition en 1979
à Lefebre Gallery de New York.
 

1970  
il commence à peindre des femmes selon le style que nous lui connaissons maintenant: européennes sexy
ou asiatiques mystérieuses, toujours très colorées.

 Il obtient le prix du dessin The Guggenheim Fellowship Award for Drawing .

1974  il devient citoyen américain.

 

 

Les voyages

Il fait de fréquents voyages en Europe :

1960  Copenhague où il expose pour la première fois à la galerie Birch 19 peintures et 8 céramiques. Le succès est immense et des expositions auront lieu en 1963 1972 1975 1980 1981

1961  Paris où il participe régulièrement au Salon de MAI jusqu'en 1968.
Il réside alors dans le 6ème arrondissement de Paris au 52 rue de Seine

1969  Pour ses quarante ans, Walasse Ting offre quarante peintures et quarante deux études au musée CERNUSCHI, ainsi que son bol préféré pour l'encre, accompagné de son bâton. Par ce geste, il remercie le musée d’avoir accroché ses premières oeuvres. Notons que la plupart d'entre elles sont signées ou portent un grand cachet aux caractères peints en rouge ou en blanc, non pas de Ting, mais de son autre nom d'artiste : Tsan Hua Ta Tao.

1974  La galerie Maeght l’expose à Paris pour la première fois.

1976  un hommage est rendu à Asger Jorn avec la publication d'un portfolio comprenant 14 lithographies de 14 artistes dont Ting, qui exécuta la planche 11, lithographie sur Velin d'Arches Pour Jorn 75 x 54 cm.

1981  Tahiti où il se rend sur les traces de Gauguin qu’il admire et dont il a acheté une lettre l’année précédente. Il retrouve les couleurs exotiques variées qu’il aime tant.

1984  l'éditeur Yves Rivière publie Peinture sur papier de riz  regroupant les 316 peintures que Walasse Ting
a exécutées sur papier de riz, entre 1975 et 1980, dans des formats différents :
36 x 48 cm,180 x 97 cm,180 x 291 cm, 180 x 388 cm.
Une lettre traduite en plusieurs langues nous révèle la signification de l' autre nom d'artiste pris par Walasse Ting : Tsan Hua Ta Tao rêve de papillon, de millions de papillons: couleurs, parfums, irrépressible mouvement dont il veut impartir la feuille de papier de riz.

 

 

Amsterdam

1986  décès de sa femme.

1987  il vit à New York avec ses deux enfants à Greenwich village. Au printemps, il décide de partir avec eux, habiter en Hollande quelque temps:on va aller à Amsterdam afin de peindre des modèles ,des fleurs, des couleurs et tu prendras des photos de ce que je peins et comment je peins. (in Jolies Dames)

Ils resteront deux mois dans une galerie transformée en atelier à Keizergracht.
Il y peindra 66 modèles, femmes entourées de fleurs et de fruits.
Les peintures sur papier de riz accompagnées des photos des modèles - photos prises par sa fille - seront regroupées dans Jolies Dames aux éditions Yves Rivière.

Amsterdam séduit ses enfants. Avec ses canaux, cette ville lui rappelle Hangzhou et lui plait tellement que Ting décide de s’y établir.
Désormais, il vivra aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

2002  une hémorragie cérébrale le contraint à interrompre sa carrière artistique.
Il doit entrer dans un institut médicalisé à Amstelveen, commune néerlandaise faisant partie d’Amsterdam.

États-Unis

2010  17 Mai, Walasse Ting décède à New York.

D. Sicard
 

sources multiples : Comme toute synthèse, cette biographie n'existe que grâce à des travaux de spécialistes sur lesquels elle s'appuie et que l'on peut retrouver dans les ouvrages et catalogues répertoriés dans la bibliographie de ce site.

 

 

 
Michel Nau : Les Femmes de Walasse Ting

 

 

   
 

 

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